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Tracer sa voie en tant que notaire entrepreneur : entretien avec Me Ahmad Daher

  • Photo du rédacteur: Hadi Khanafer
    Hadi Khanafer
  • 28 nov. 2022
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 févr. 2023

Novembre 2022 : Thème de l'entrepreneuriat

Par Hadi Khanafer

Blog du CDN | Comité de droit notarial de l'Université de Montréal


En fin d’été, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Me Ahmad Daher, un jeune notaire qui a récemment ouvert sa propre étude. Son entrain et sa détermination me poussent à partager les grandes lignes de notre entretien avec la communauté étudiante. J’espère sincèrement que cette retranscription rendra justice à la passion de ce notaire remarquable et motivera les étudiant·e·s à amorcer un parcours similaire.


Me Daher, pourriez-vous nous parler de votre parcours universitaire et de ce qui vous a poussé à entamer la maîtrise en droit notarial?

D’abord, pour ce qui est de mon parcours universitaire, j’ai fait mon bac à l’Université de Sherbrooke et ma maîtrise à l’Université de Montréal. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé mes études à Sherbrooke : mon choix de faire la maîtrise à l’UdeM s’expliquait simplement parce que c’était plus près. Aussi, tu verras que pendant le bac, on parle toujours de la profession d’avocat et on met toujours de l’emphase sur tout ce qui est litigieux. Ce qui m’a intéressé concernant la profession notariale, c’est qu’on se pose toujours la question : c’est quoi la solution? On se la pose pour éviter le litige, en fait. Ce côté « entente », ce côté « non contentieux », c’est ce que j’ai aimé. Le ou la notaire essaie de régler des problèmes avant d’aller devant les tribunaux, c’est de la prévention. On essaie de trouver une entente directement entre les personnes. C’est ce que j’aime.


En tant que jeune notaire entrepreneur, à quoi ressemble une journée typique au travail?

C’est difficile d’entrer dans les détails, parce que c’est très variable d’une journée à l’autre, surtout quand ta pratique est diversifiée. Évidemment, il y a des choses que tu dois faire tous les jours : quand je rentre au travail, la première chose que je dois faire, c’est de répondre aux courriels et de retourner les appels. Avoir une réceptionniste, bien sûr, ça m’aide, mais tu verras que souvent, les gens veulent parler avec le notaire, car ils te voient vraiment comme un juriste de proximité, plus facile d’accès qu’un·e avocat·e. Ils te font confiance et veulent te parler. Alors, j’essaie de faire un triage de ce qui est urgent et moins urgent et je retourne les appels. Ensuite, je me tourne vers mes rendez-vous de la journée. Tout doit être prêt la veille, donc mes dossiers sont déjà imprimés et mes dernières petites vérifications sont faites. Ensuite, c’est vraiment du contact avec les client·e·s. Mon travail varie selon ce dont iels ont besoin, et c’est là [en conséquence des besoins spécifiques de la clientèle] que la réponse des notaires va varier selon leur spécialisation ou leur champ d’expertise. Chaque journée est différente à ce niveau-là, c’est du cas par cas.


Me Daher, il est évident que vous avez ouvert votre étude notariale relativement tôt dans votre carrière. Comment avez-vous jugé être prêt et est-ce qu’une partie de vous se disait vouloir accumuler plus d’expérience avant d’entreprendre cette grande étape?

Honnêtement, je n’étais pas prêt. Ça m’a pris plus d’un an et demi pour prendre la décision. Quand j’ai ouvert [mon étude], j’étais en train de capoter. J’ai eu la chance de travailler chez un notaire qui m’a encouragé à aller à mon compte, considérant la situation du marché immobilier. Il m’a tout montré et m’a accompagné pour que je puisse correctement ouvrir mon étude. Honnêtement, je crois tout de même que je n’étais pas prêt. J’étais vraiment stressé au début, parce qu’il y a des décisions qu’il fallait que je prenne presque immédiatement, comme choisir mon emplacement, sans compter les responsabilités qui se sont ajoutées. Je n’avais plus le droit à l’erreur, car ça coutait cher. Tout a fini par bien se passer, heureusement. Je ne regrette pas ma décision, mais je pense que tout le stress aurait pu être évité.


Comparativement à la profession d’avocat, pensez-vous que la profession de notaire est portée davantage vers l’entrepreneuriat?

Avec l’image traditionnelle qu’on a des notaires, je serais porté à dire oui. Surtout que c’est relativement facile d’aller à son compte en tant que notaire, les dépenses ne sont pas excessives et, avec quelques années d’expérience, l’ouverture de son étude se fait bien. Maintenant, il y a une nouvelle réalité où le·a notaire se dirige de plus en plus vers des milieux non traditionnels, donc la réponse à cette question changera peut-être avec le temps. L’image du ou de la notaire qui travaille tout le temps dans son bureau, à son compte, est en train de changer. Pour ce qui est des avocat·e·s, j’entends que c’est plus difficile d’aller à son compte, parce que c’est beaucoup plus compétitif.


Nombreux sont les notaires qui disent ne pas vouloir ouvrir leur propre étude parce qu’il y a une grande quantité de gestion plus complexe qui s’ajoute à leurs travaux quotidiens. Pourriez-vous nous donner votre avis sur cela, en nous expliquant en quoi la gestion d’une entreprise notariale est particulière?

Tu viens de toucher, à mon avis, le point le plus important à considérer. Quand on parle de la gestion d’une entreprise, plus généralement, tu dois faire tout ce qui est de base, ta comptabilité de bureau, ta facturation, ta publicité, tes dépenses… Concernant le notariat, ce qui s’ajoute à ça, sans compter ta responsabilité qui est toujours en jeu, c’est que dans une transaction, le capital passe par toi : tu dois faire ta comptabilité « in trust », puisque l’argent de tes client·e·s passe dans ce compte « in trust », tu dois faire tes conciliations mensuelles, etc. Personnellement, je trouve ça tellement important que je regarde ma comptabilité tous les jours. La comptabilité en fidéicommis, ce sont plusieurs heures par mois que tu dois donner : tout ça, c’est long et tu n’es pas payé pour faire ça.


Pour finir Me Daher, quelle est, d’une part, la qualité la plus importante chez un entrepreneur et, d’autre part, quelle est la qualité la plus importante chez un notaire?

Pour être un·e bon·ne entrepreneur·e, il faut absolument être débrouillard, il faut pouvoir aller chercher l’information aux bons endroits. En tant qu’entrepreneur·e indépendant·e, si tu fais face à un problème, personne ne va le régler à ta place. Il faut avoir confiance en soi et bien utiliser ses ressources pour trouver une solution. Ensuite, selon moi, un·e bon·ne notaire doit être minutieux·se. Il faut éviter les erreurs le plus possible, et la clé pour ça, c’est d’être ordonné. Je pense sincèrement, si je me permets de généraliser un peu, que le ou la notaire parfait·e, c’est le ou la notaire qui ne fait pas d’erreur.



*Des modifications mineures, notamment ayant trait aux tics du langage et à l’inclusion de tous les genres, ont été apportées au discours de Me Ahmad Daher afin d’alléger la lecture.

1 Comment


fabrice.tremblay
Nov 30, 2022

Très intéressant, merci !

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